Aborder le thème de la violence n’est pas toujours aisé. Des présentations, des discussions ou de la documentation peuvent, certes, jouer un rôle dans sa prévention. Lorsque l’on travaille auprès d’enfants et de jeunes souffrant d’exclusion, il est néanmoins nécessaire de trouver des méthodes interactives qui parlent, qui appellent aux sens et aux émotions. Dans ses projets, Omoana utilise pour ce faire le théâtre forum. Issue du théâtre de l’opprimé du brésilien Augusto Boal, cette approche invite les personnes concernées à aborder des situations de violence et à explorer des solutions par le jeu, de manière participative. Une scène racontant une situation qui se finit mal est présentée à un public. Les membres sont ensuite invités à remplacer l’un des personnages, dans la scène qui est rejouée, avec les autres acteurs qui improvisent de manière la plus réaliste possible la suite à donner à la nouvelle situation.
Ainsi, à Gulu en Ouganda, des enfants vivant ou travaillant dans la rue présentent eux-mêmes des scènes de théâtre forum auprès des communautés, afin de discuter ensemble sur la manière de prévenir les violences à leur égard. En Irak, dans la prison pour mineurs de Mossoul, les enfants abordent, à travers le théâtre forum, des situations en lien avec leur retour à la vie civile, et les possibles discriminations qu’ils pourraient encourir. Cela leur permet de préparer leur réintégration en leur faisant vivre des situations et en les explorant à travers le jeu. En utilisant leurs sens, leur aptitude à réagir de manière adaptée contribuera ainsi à éviter un nouveau cycle de violence. D’autres thématiques telles que l’égalité homme-femme sont aussi abordées, et permettent aux jeunes eux-mêmes de chercher des solutions, souvent plus progressistes et novatrices que ce que l’on pourrait imaginer dans des contextes où les normes patriarcales prévalent.
Les travailleurs sociaux des organisations partenaires d’Omoana sont formés à l’approche et font l’objet d’un suivi. Plusieurs ateliers ont déjà été réalisés et les retours sont positifs. En effet, au-delà des simples discours sur les droits humains, ils permettent à chacun de s’approprier de manière très concrète une discussion sur le vivre ensemble, afin de préserver la dignité des enfants touchés par la violence.